Amimono : « Pour moi, l’humain, c’est le partage. »

Article du magazine AXONE N° 12 – Décembre-janvier-février – 2022/2023

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© Axone

Installé à Brasles, près de Château-Thierry, Amimono réalise des sculptures filaires, des peintures, ou encore des créations numériques. Son œuvre se nourrit de son observation du monde, authentique et poétique.
D’un trait, il capte des instants furtifs du quotidien dans lesquels chacun se retrouve. Rencontre avec un artiste profondément humaniste.

Comment êtes-vous devenu artiste ?

Au gré des rencontres. Je suis originaire d’un petit village de Seine-et-Marne, près de Roissy. J’ai commencé à dessiner très jeune, des bandes dessinées, tout un tas de trucs. Déjà petit, j’avais ma propre écriture, un style personnel. Mais je viens d’une famille nombreuse, donc ce n’était pas forcément possible de choisir mes études. Je me suis tourné vers la mécanique, j’ai fait des stages en société.
À côté, j’ai continué le dessin. J’ai suivi des cours dans des centres culturels. Je suis entré à l’atelier Henri Burin en 1979. Il a été mon premier maître, il m’a enseigné qu’on devait avoir foi en soi, en ce qu’on fait. En 1987, j’ai rejoint l’atelier d’Irénée Arvel, et puis j’ai rencontré Driss Agabsi, un artiste marocain qui m’a appris le lâcher-prise. Ensuite, dans les années 1980-1990, j’ai fait la connaissance de David Farsi, un artiste talentueux, autodidacte, avec qui j’ai beaucoup collaboré. C’était de bonnes rencontres, qui m’ont donné de nouvelles directions.

Votre pseudonyme, Amimono, a toute une histoire…

J’ai eu trois noms d’artiste différents. Il y a 10 ans, j’ai voulu en changer, alors j’ai demandé à ma belle-fille, qui vit au Japon, comment se disait « Tricot » [ndlr : son nom de famille] en japonais. La réponse, c’est Amimono. Donc, j’ai gardé mon nom, mais dans une autre langue ! En plus d’être un pseudonyme, c’est une signature que j’intègre à toutes mes œuvres, qui en fait pleinement partie.

Vous évoquez le Japon ; c’est l’une de vos sources d’inspiration ?

J’ai beaucoup voyagé, le Japon m’inspire pour le côté zen. Je me souviens d’un artiste japonais qui est resté à méditer devant sa toile et, d’un seul coup, qui a pris son pinceau, de l’encre rouge et qui a fait juste un point rouge sur la toile. Alors, au début, je me suis demandé s’il ne nous prenait pas pour des idiots, mais, en fin de compte, non (rires). Il y avait quelque chose derrière, une question d’équilibre.

Mais ma première source d’inspiration, c’est l’humain. J’aime bien dire que je suis humaniste. J’essaie de donner à voir aux gens les instants qu’ils vivent mais qu’ils oublient tellement tout va vite. Montrer des instants de pause, de bonheur, que le monde extérieur ne vient pas polluer. Mes clients me disent souvent que mes œuvres apportent une tranquillité, un apaisement. Ma démarche, c’est l’émotion, c’est donner de l’émotion à moi-même, déjà, et puis la retransmettre aux autres. Il n’y a pas de limite à s’approprier une œuvre, que l’on soit novice ou pas.

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© Axone

Et votre pratique artistique ?

La sculpture filaire, c’est la transition parfaite entre le trait et le volume. À la base, je réalise un dessin à la main. Après, il faut garder le juste trait, donc je peux retirer jusqu’à 10 % du dessin pour que ça reste lisible pour le cerveau. S’il y a trop de traits, il n’arrive pas à comprendre. Ensuite, je soude des fils en cuivre de 1 cm à 5 m pour faire tout le tracé. Parfois, j’ajoute de la peinture pour que l’œil comprenne les différents plans. Tout est une question de dosage, de perception.
Après, c’est la pureté du trait noir sur le blanc qui fait vibrer certaines zones, qui donne du relief avec des jeux d’ombre et de lumière. L’œuvre prend aussi une dimension complètement différente selon que l’éclairage est naturel, ou coloré, ça donne plein de possibilités.

On doit souvent vous le demander, mais pourquoi vos personnages n’ont pas de visage ?

Si je mets un visage, alors je donne une personnalité et on perd cette dimension qui nous relie tous à ces petites choses du quotidien. Alors que sans, ça devient universel, chacun peut s’approprier cette image. Je travaille beaucoup les dessins de positions. Si la position est mauvaise, les gens ne parviennent pas à s’identifier. C’est la position qui fait que ça fonctionne.

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© Axone

Pour finir, quel serait votre endroit coup de cœur dans l’Aisne ?

C’est un petit village situé à la limite entre l’Aisne et la Seine-et-Marne, qui s’appelle Crouttes-sur-Marne. Depuis le haut du village, on a une vue exceptionnelle sur la vallée de la Marne, c’est magnifique. Je m’y suis rendu pendant plusieurs années pour le festival FineEnBulles, organisé le premier week-end de juillet.

Les vignerons invitent des artistes à exposer dans leurs caves et y proposent des dégustations de champagne. C’est une super occasion de découvrir des artistes tout en se promenant !

Propos recueillis par Gwennaëlle Massart

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